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En "Résonance"
Biennale de Lyon
Jean-Christophe De Clercq
"Conversations"
 

Inauguration d'Aponia / Exposition Baptiste Roux
Baptiste Roux
Inauguration / Apocalypse & Calypso

 

 

A.C. Barret : Pour notre nouveau lieu et pour cette exposition, tu as choisi comme intitulé « Apocalypse & Calypso » tu peux nous en dire plus ?

B. Roux : Pour « Apocalypse et Calypso » titre de cette exposition à Aponia, je présenterai une vision à la fois effrayante et joyeuse d’un monde en suspens. Les œuvres y seront toujours plus baroques et décadentes, tant elles gonflent et se disloquent dans un jeu de couleurs à la fois vives et trop artificielles pour être honnêtes. C’est dans ces ambiguïtés visuelles entre la chimie acidulée et grotesque d’un monde hyper séduisant et la déroute d’un réel toujours plus effrayant que je situe cette exposition. Apocalypse, pour la vision funeste et Calypso,pour la danse festive. L’ensemble mêlant un univers mutant et organique où l’humain, l’urbain, l’artifice et ici des symboles religieux, puisqu’ une partie de l’exposition est dans une église, se confondent pour fabriquer une inquiétante étrangeté qui n’en garde pas moins un sens de l’absurde. L’axe principal restant cette picturalité entre figure et abstraction, toujours dans cet entre-deux pour laisser le spectateur libre d’interpréter le sens de l’oeuvre.

 

A.C.Barret : Tu as forgé un terme pour définir ta réflexion sur l’histoire de tes formes, celui de « corps/organes artificiels » Peux-tu expliquer ce que tu entends par là ?

B.Roux « De plus en plus, mon travail se brise, se troue, se fracture, se tord, gonfle et coule. Les bandes Velpeau tentent de réparer la casse d’une chime joyeusement désastreuse. Il y a peu, je parlais encore de virtualité agressée par le réel, aujourd’hui les corps/organes artificiels que je produis sont accidentés, découpés, recouverts ou affublés de socles absurdes pour produire une déflagration picturale.

Les impressions numériques que je produis sont faites pour exister su des écrans, elles sont ici déformées par la chaleur donnant l’impression qu’un corps étrange tente vainement de sortir du support. Les modules en 3D semblant sortir d’imageries chirurgicales ou de logos anthropomorphiques sont aussi froissés tels des packaging écrasés, donnant l’impression d’un monde d’après l’image où reste une œuvre après utilisation. »

 

A.C. Barret : Au delà de tes expositions passées, parmi ce qui est montré aujourd’hui à Aponia, je constate une certaine virtuosité technique qui est mise au service de compositions liées à l’image, tout en laissant une place à l’expérimentation anamorphique.

B. Roux : Oui, il y a une virtuosité qui me permet de jouer la séduction mais je la pousse jusqu’à un trop plein, avec mes erratum alimentaires, par exemple, je fais gonfler la mousse comme une monstruosité culinaire qui dégouline de partout, ce sont des tentatives de créer des sortes de pâtisseries réjouissantes qui auraient mal tournées. Alors que le monde qui nous entoure fabrique des produits calibrés ou rien ne dépasse. Ici, tout a décidément trop gonflé et produit parfois une espèce de paysage sexy, mais boursouflé et hasardeux.

De même, mes impressions sur bois usinées et trouées par les machines sont les rebuts d’aujourd’hui. Là où autrefois « les inutilisés » ressemblaient à des ordures informes, elles sont maintenant thermoformées et lasérisées. D’ailleurs, pour cette série imprimée, je joue aussi les faussaires, j’utilise des filtres informatiques produisant des effets de glacis, d’ anamorphose, de gravure ou de coulures artificielles et tel un faux monnayeur, j’imite des signes liés à la tradition picturale de manière totalement artificielle et de plus en plus de la peinture acrylique s’immisce dans les impressions jouant ainsi du vrai et du faux.

 

A.C. Barret : Dans tes sculptures récentes il y a des figures extrêmes (des cris ?) des corps entravés où l’on voit apparaître des fragments distordus comme dans « My hard dog » ou « Figure approximative ». Qu’est ce qui les amène ? Ou plutôt pourquoi tant les malmener ? Est-ce l’occasion de transgresser ? De provoquer un trouble de la représentation de notre monde ?

B. Roux : Assurément, je fabrique des sortes de morceaux de corps improbables, réparés par des bandes Velpeau, parfois sur des socles en forme de déambulateur. Ce sont des prototypes de sculptures fatiguées, en fin de règne, autrefois bien vivantes mais aujourd’hui incapables de subsister sans soutien.

Dans l’ensemble de mon travail, s’opère une dégradation de la mécanique de séduction que fabrique notre société. Les matériaux et techniques sont, au départ, tous utilisés ou presque dans l’industrie pour magnifier notre société de consommation. L’idée, ici, est de montrer, via mes multiples séries ce qui est hors cadre et qui malgré ces efforts pour plaire se retrouvent fragilisé, maltraité et improbable ou décalé.

Entretien Baptiste ROUX / Alain Christian BARRET publié dans la Revue "Point Contemporain"

juin 2023

 

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