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En "Résonance"
Biennale de Lyon
Jean-Christophe De Clercq
"Conversations"
 

Tia-Calli Borlase
Tia-Calli Borlase
Pour une géographie du désir

Le point de départ du travail artistique de Tïa-Calli Borlase est une série d’expériences au milieu du désert du Karakalpakstan, en Ouzbékistan, sur les sites d’anciennes forteresses du 3ème et 6ème siècle, Topraq qala, Kizil qala, des grands châteaux de sables effondrés dans la région de la mer d’Aral. C’est ici que les premières sculptures en textile, réalisées sur place avec des matériaux achetés sur les marchés ont été suspendues par un simple fil dans une mise en scène photographique.
Les expérimentations de suspension d’une légère sculpture, mise en scène pour être photographiée à partir d’un appareil argentique, se sont poursuivies et perfectionnées en Asie, plus particulièrement au Cambodge, dans des vestiges archéologiques des anciens temples du site d’Angkor.
Les sculptures présentées, baptisées sculptures membranes, apparentées au corps humain ou animal, portent des traces de condensation : corps-sensations, corps-émotions, corps-anatomique ; des traces aussi d’oppositions entre pesanteur et légèreté, équilibre et déséquilibre, présence et absence, élision et apparition, symétrie et bizarrerie, souffrance et séduction. Les photographies témoignent de leur présence ou de leur surgissement lorsqu’elles sont suspendues et présentent des lieux en perspective, des volumes profonds et complexes, ou bien des surfaces simples, des plans. L’attention au rapport d’échelle, aux ombres et lumière, au clair obscur contribuent à créer des allusions à la peinture.
Dans la construction des images, les notions d’apparition et d’effacement, notamment grâce au travail de l’ombre, transforment le lieu en allégorie de la protection, permettant aussi d’éprouver le déroulement d’un voyage extérieur vers un voyage intérieur.
Le rôle de l’aiguille a une dimension obsessionnelle extraordinaire. Cette technique de sculpture par la couture s’apparente à des actions telles qu’embobiner, attacher, tisser, tramer, revendiquer, combiner, articuler, ravauder, rapiécer, réparer, soigner ; des allégories de relations humaines. C’est sans doute l’obstination de l’artiste observant les souffrances et cherchant à les atténuer, qu’on peut lire dans le caractère obsessionnel de certaines pratiques artistiques. Il existe dans le travail de Tïa-Calli Borlase des questionnements sur les liens entre féminin et masculin visibles à travers l’imbrication des formes et leur complémentarité, ainsi que dans leur symétrie.
Ces suggestions de liens affectifs, comme l’attachement, l’enchaînement, l’assujettissement, les permutations, les inversions, les renversements trouvent des formes dictées par l’émotion. De même, l’érotisme participe d’une manière de circonscrire les corps. Les actions de confondre, de confronter, de fusionner, de combiner, d’imbriquer, le masculin et le féminin au sein d’une même oeuvre créent la tension nécessaire à la mise en place de leur relation.
Dans les oeuvres, l’équilibre ou le déséquilibre masculin féminin construit la tension et qui permet de matérialiser leur lien aussi singulier soit-il.
Ainsi, la sculpture explorée devient objet de désir. L’artiste se crée ses territoires d’action, sa géographie du désir, pour reprendre les termes de Gilles Deleuze. Les oeuvres, envisagées sous l’angle du désir, prennent un éclairage particulier et nous amène à envisager l’existence de gammes d’émotions dans l’oeuvre et lors de l’expérience de l’oeuvre. L’ensemble de contraintes techniques et psychologiques rencontrées lors du travail artistique sont autant d’expériences du désir dans la création artistique. Derrière cette constitution du désir, il y a la recherche de l’intensité ; une intensité trouvée dans la mobilité, le voyage, les ateliers hors les murs, le nomadisme des sculptures, quelque chose qui “ tord les nerfs “.
Paul Ardenne, 2010

APONIA
67, rue Saint Pierre
43150 Le Monastier sur Gazeille

06 20 49 36 90

Contact : aponia@wanadoo.fr
www.aponia.fr
 

Vendredi, samedi et dimanche de 15h à 18h (en Période d'exposition)
Sur RDV pour les groupes scolaires également les autres jours

L'église Saint Jean et le 67, rue Saint Pierre sont accessibles
aux personnes à mobilité réduite

Entrée libre et gratuite